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Le Tour de Savoie Cyclo vu par Maurice REY

Mardi 11 juin 2024 à dix-neuf heures trente...
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Cinq ! Quatre ! Trois ! Deux ! Un ! C'est parti !
Nous sommes dix-sept cyclo-randonneurs à suivre Olivier qui nous conduit à travers Challes pour qu'on puisse rejoindre la "trace" !..
Devant-moi, Jean-François est là. Il a fier allure sur son "Gitane-Fédéral" de 1976 ! Machine qui à fait sensation au départ...
Ma randonneuse aussi à fait sensation alors que c'est sans doute une des plus récente du lot puisque c'est une copie de Jo-Routens construite par ADV et qu'elle ne date que de 2022...
Après quelques kilomètres notre guide s'écarte : Le Tour-de-Savoie-2024 est lancé !

Le ciel est très chargé et un énorme nuage déversant des trombes d'eau s'approche dangereusement, avec quelques participants nous choisissons de "bâcher". Ma veste est rapidement mise mais Jean-François peine a enfiler correctement son poncho... Quand nous repartons, la meute a disparue...
La toute première difficulté arrive enfin avec petite montée de Villaroux qui est rapidement avalée. Une belle descente vers la Rochette et voilà les premières rampes du Col-du-Grand-Cucheron...
Il est toujours difficile de trouver le bon braquet quand les jambes sont en pleines formes et que la route est encore longue. Mais aujourd'hui je suis là pour accompagner mon compère du Loiret dans ce périple donc ma vitesse est plus ou moins calquée sur la sienne...
Vers Étable on aperçoit un belle averse sur le sommet, les premiers participants vont déguster...
Jean-François ayant du s’arrêter pour satisfaire un besoin naturel je poursuis tranquillement jusqu'au village de Table où je m'arrête près de la fontaine. Un cyclo qui m'a doublé un peu plus tôt est déjà là à attendre des amis, il aurait du participer mais des soucis de santé l'on contraint à déclarer forfait...
La nuit est tombée maintenant et quatre petites lumières arrivent, ce sont Sandra V, Stéphane V, Philippe L et une autre accompagnatrice...
Jean-François arrive cinq minutes plus tard, sa pause (pose ? ) a été plus longue que prévue.
Un kilomètre plus loin, une petite descente et un long replat permettent de rejoindre rapidement le fond de la "Vallée-des-Huiles".
Les trois derniers kilomètres de l'ascension étant assez raides (9%) je laisse mon compagnon à son train de sénateur et choisi de monter à mon rythme. Je rejoins le petit groupe de tout à l'heure et atteins le sommet avec eux. Jean-François arrive quelques minutes après nous.
Jambière, bonnet, foulard et gilet sont enfilés, une petite photo est prise devant le panneau pour valider ce premier contrôle puis nous plongeons vers St-Pierre-de-Belleville et la vallée de la Maurienne...
Mon fidèle destrier est équipé d'un moyeu dynamo et de deux phares, l'un de 25lux pour la journée et les montées de nuit et un second de 80lux qui me sert seulement dans les descentes nocturnes. La puissance et le large faisceau de ce dernier permettent de rouler a vive allure en toute confiance...
De temps à autre, quelques rapides coups d'œil dans mon rétroviseur pour m'assurer que mon compère suit bien...
Nouvel arrêt au cimetière de Saint-Pierre pour refaire le niveau des bidons, manger un morceau et quitter quelques épaisseur de vêtement.


Les seize kilomètres pour rallier Saint-Étienne-de-Cuine, pied du Col-du-Glandon, sont rapidement avalés. Après une rapide pause l'ascension débute. Vu la longueur de celle-ci (20km) je choisi de rester en compagnie de mon collègue...
Le replat de Saint-Colomban-les-Villard permet de se ravitailler un peu. Il est deux heures du matin et la pluie se remet à tomber...
Après La-Chal, les choses sérieuses commencent. Bien souvent le pourcentage dépasse les 10%...
De temps à autre, Jean-François est handicapé par des sauts de chaîne.
À cinq kilomètres du sommet c'est à mon tour de connaître un petit ennui mécanique, ma manivelle gauche se desserre...
Les trois derniers kilomètres sont à 10% de moyenne, dans les portions les plus raides mon compagnon met pied à terre et moi "tout à gauche"...
Au sommet la pluie a cessé mais un épais brouillard c'est installé. On ne traîne pas, après une courte descente de deux cents mètres la route se ré-incline à nouveau pour trois kilomètres à 6% pour atteindre les 2067 mètres du Col-de-la-Croix-de-Fer.
Là-haut, à quatre heures et quart, la tenue "grand-froid" est mise, il ne fait que 2°C. Une photo pour le deuxième contrôle, un resserrage de manivelle et c'est le plongeon dans le brouillard sur une route très étroite qui vient d'être gravillonnée !


Les cinq kilomètres de descente pour rejoindre Saint-Sorlin-d'Arve se font "sur les freins" et a une moyenne d’à peine 26km/h !
Dans la petite station une halte est faite sous un abris. On mange une bricole et on tente de se réchauffer. Rien n'y fait ! La seule chose qui peut nous réchauffer c'est le Col-du-Mollard huit kilomètres plus bas ! En route !..
Un bon quart d'heure plus tard nous y sommes...
Il est cinq heures, le jour ce lève. Jean-François profite d'un énième resserrage de manivelle pour prendre un peu d'avance. La montée nous réchauffe, mon collègue va mieux et je reprend un peu d'avance...
Peu avant le village du Mollard, Mathieu B et Thibaud D  nous dépassent, ils montent côte à côte à bonne allure. Je les croyais devant, ils ont du dormir une ou deux heures cette nuit...
À six heures le col est atteint...
Le ciel est toujours chargé mais semble vouloir se lever un peu...
Jean-François arrive. Bonnet, foulard et gants sont enfilés pour la longue descente sur Saint-Jean-de-Maurienne.
Qu'est-ce-qu'elle est belle cette descente ! Le Col-du-Mollard par ce versant doit vraiment valoir le coup !


La capitale mauriennaise est ralliée un peu avant sept heures. On s'approvisionne dans la première boulangerie  et on s'offre le café dans le premier troquet ouvert...
Un grosse demi heure plus tard la route est reprise. Cap sur le Col-de-Chaussy et ses fameux Lacets-de-Montvernier !


À Pontamafrey, au pied du col, je fais une nouvelle pause pour resserrer cette fichue manivelle ! Dingue ce truc ! Presque quinze milles kilomètres sans soucis et il faut que ce soit aujourd'hui qu'elle décide de m'... !
Ça risque d'être compliqué pour la suite...
À l'arrêt dans une épingle un concurrent, Daniel R, fait une pause. Je le salut en le dépassant, il me repassera un peu plus haut lors d'un "serrage de manivelle"...
Jean-François n'est pas à la fête, je remarque que sa chaîne est déjà positionnée sur son plus grand pignon alors que la pente ne dépasse pas les 8%...
Je prend un peu d'avance et profite de mes arrêts resserrage pour attendre mon camarade...
Au kilomètre 154, entre Montvernier et Montpascal, la route flirt avec la falaise, sur plusieurs hectomètres la route est taillée dans la roche, impressionnant ! Dommage que le temps soit si maussade...
Dans le dernier kilomètre du col la chaîne de Jean-François se coince entre la roue-libre et les rayons. Il faut démonter la roue puis le dérailleur pour pouvoir réparer ! Une demi-heure de perdue...
Ça va devenir compliquer d'être à Bourg-Saint-Maurice ce soir...
On boit un coup au restaurant du col. Il est dix heures vingt...


La descente pour rejoindre Notre-Dame-du-Cruet est belle et technique, ce qui n'est pas pour me déplaire...
Le ciel c'est lentement dégagé...
Un petit arrêt au pied du Col-de-la-Madeleine pour ce mettre en "configuration montée". Les premières centaines de mètres sont très raides...
Au deuxième kilomètre je m'arrête pour un resserrage, mon compagnon tarde à arriver. Je grignote quelques fruits secs. Jean-François arrive en poussant sa randonneuse, il secoue la tête et me dit qu'il abandonne...
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Mon coéquipier est manifestement cuit...

Je n'insiste pas...
Je lui propose de trouver un coin à l'ombre pour casser un bout de croûte...
Je l'informe qu'en rejoignant La-Chambre et en redescendant la vallée de la Maurienne on peut-être en deux heures à la maison. Il refuse. On rentrera après avoir "basculée" la Madeleine (elle aime tant ça) ! Il insiste aussi pour que je continu seul mais je n'en n'ai ni l'envie ni le courage avec cette manivelle récalcitrante. Et puis on est parti à deux, on a tout préparer à deux donc soit on fini ensemble, soit on rentre... Donc on rentre...
Jean-François appelle l'organisation pour les informer. Il est treize heures quand nous reprenons la route.
À ce moment là, j'ai la réelle impression que nous sommes les bons derniers. N'ayant pas de connexion internet ni l'un ni l'autre nous ne connaissons pas le "classement". Avec le recul je comprends mieux l'appel d'Olivier (co-organisateur) nous poussant à continuer puisque nous n'étions pas si mal placés que ça (dans le milieu du tableau) mais, comme je lui ai dis, Jean-François était vraiment vidé et ma manivelle totalement HS (je devais resserrer quasiment tout les kilomètres).
À quinze heures nous arrivons à Saint-François-Longchamp. Je passe de l'eau à mon camarade dont les bidons sont à sec.
Les cinq derniers kilomètres se feront avec un fort vent descendant, c'est à dire toujours contraire...
À un kilomètre du sommet un passage à l’abri du vent me permet de faire une dernière pause avant le col. Jean-François arrive après un bon quart d'heure, tantôt pédalant, tantôt marchant...
À seize heures le sommet est là. J'insiste auprès de mon ami pour qu'on mange quelque chose au restaurant du col. Une boisson et un bonne part de tarte pour éviter une fringale...
Le vent est fort et froid si bien qu'il faut ressortir les tenues chaudes pour s'élancer dans cette longue descente de près de trente kilomètres...
Une fois arrivé en bas dans la vallée de l'Isère, au kilomètre 216,  la "trace" est quittée pour filer vers Albertville puis Montailleur... Nous sommes officiellement hors course...
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À dix-neuf heures les vélos sont rangés...
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Belle étape malgré tout, 250 kilomètres pour 6200 mètres de dénivelée...
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Vivement 2025 !